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alain de benoist - Page 52

  • Penser avec Heidegger, Schmitt, Freund, Baudrillard, Abellio et quelques autres !...

    Les éditions du Rocher viennent de publier Ce que penser veut dire, un recueil des textes qu'au cours des quinze dernières années, Alain de Benoist a écrit dans différentes revues, et notamment dans Le Spectacle du monde, pour présenter l’œuvre d'une trentaine de grands auteurs, complété par trois entretiens consacrés respectivement à Nietzsche, Sorel et Péguy... Un panorama passionnant sur des penseurs essentiels !

     

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    " « Penser à » n'est pas la même chose que penser tout court. La tâche de l'historien des idées consiste à étudier et à faire connaître l'oeuvre de ceux qui ont proposé diverses grilles d'interprétation, diverses façons de voir et de comprendre le monde, révélant ainsi ce que penser veut dire.
    À l'époque moderne, Rousseau s'est efforcé de penser la nature de l'homme et l'origine de la société, Carl Schmitt la nature du politique, Karl Marx l'essence du capitalisme. Sigmund Freud et Carl Jung ont tenté de jeter les bases d'une psychologie des profondeurs, Gustave Le Bon s'est penché sur la psychologie des foules, Jules Monnerot a analysé le phénomène totalitaire, Michel Villey a entrepris de révéler la véritable nature du droit.
    C'est l’œuvre de ces penseurs et de bien d'autres, de Heidegger à Arthur Koestler, de Goethe à Georges Sorel, de Nietzsche à Montherlant, de Leo Strauss à Jean Baudrillard, de Charles Péguy à Hannah Arendt, de Denis de Rougemont à Julien Freund, qui est présentée de façon vivante et pédagogique dans ce livre.
    Tous ces auteurs attestent que le travail de la pensée a joué un rôle décisif dans l'histoire, entraînant des mutations bien différentes des révolutions bruyantes, des grandes explosions que tout le monde connaît mais qui sont restées sans lendemain. « Les révolutions silencieuses sont les plus efficaces », disait Jünger. Ce sont peut-être aussi les plus passionnantes. "
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  • La revue de presse d'un esprit libre... (28)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    Intéressant numéro des Idées à l’endroit sur le thème de l’identité au cours duquel Alain de Benoist s’entretient avec Laurent Dandrieu, auteur de l’ouvrage « Église et  immigration » dans lequel il s’en prend vigoureusement à la hiérarchie catholique en raison de sa pastorale messianique de l’accueil, Philippe Forget qui vient de faire  paraitre un essai intitulé «L’obsession identitaire » et Thibaud Isabel rédacteur en chef de la revue Krisis.
     
     
    Remarquable émission de Radio Méridien Zéro consacrée à Henri Vincenot, chantre d'une Bourgogne millénaire, paysanne et joyeuse. Animée par François Bousquet et Olivier François, plumes de la revue Éléments qui mettent en valeur toute la saveur de cet auteur de la synthèse catholico-païenne et, au delà, de toutes les identités vivantes.
     
     
    De quoi le système est-il le nom ? Alain de Benoist répond aux question de l’abbé Guillaume de Tanoüarn dans le mensuel «  Monde et Vie ». Revenant sur la généalogie des emplois de ce substantif depuis le XVIII siècle, il affirme avec raison que de nos jours l’idéologie du « système » n’est pas à gauche mais qu’elle procède d’un « mélange assez nouveau d’individualisme, de doits-de-l’hommisme, de croyance au progrès et de fétichisme de la marchandise, ordonné à l’idée, relativement nouvelle elle aussi, qu’une société peut se réguler entièrement sur la base du contrat juridique et de l’échange marchand. Le système désigne une société fondée sur l’amnésie programmée, l’effacement des limites, la fin des frontières et des généalogies…Une société où la révolution de désir a remplacé le désir de révolution ». Une excellente mise au point sur une notion largement polysémique.
     
     
    Bonne critique du livre d’Alain de Benoist « Le moment populiste. Droite-Gauche c’est fini ! » par Michel Geoffroy, ancien élève de l’ENA et contributeur régulier de la Fondation Polémia.
     
     
    Dans l’avant-dernier numéro de leur émission hebdomadaire I-Média Hervé Grandchamp et Jean-Yves le Gallou traitent du bombardement du village syrien et rebelle de Khan Shaykun qui a provoqué la mort de 80 personnes par asphyxie aux neurotoxiques. Bombardement dont toute la presse s’est emparée pour en faire reposer la faute sur le seul Assad. Ils constatent que tous les morts ne se valent pas et que du gazage à l’enfumage la distance est courte. 
     
     
    Le dernier numéro d’I-Média commente également les réactions pavloviennes de la presse à l’affaire du Vel d’Hiv et s’inscrit en faux concernant un Front National qui demeurerait obsédé par la seconde guerre mondiale. En réalité ce sont les journalistes qui toujours en quête d’un « dérapage » ne manquent jamais une occasion de revenir sur cette question. On notera, ainsi que le fait remarquer Jean-Yves Le Gallou, que c’est le même Mazerolle qui interrogeait Marine Le Pen et qui avait fait accoucher son père de la fameuse phrase sur le détail, il y a trente ans de cela. La seule ligne constante dans cette affaire est bien celle des journalistes.
     
     
    Du point de détail au point Godwin. L’OJIM donne un coup de projecteur sur les réactions qui ont suivi la déclaration de Marine Le Pen concernant la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d’Hiv. S’il faut en croire le CRIF, de Gaulle et Mitterrand n’étaient que de fieffés négationnistes. « Affirmer que Marine Le Pen fait du Pétain quand elle fait du de Gaulle, c’est sortir du champ de la pensée » (Finkielkraut). Le plus drolatique des contempteurs de Marine Le Pen étant Christian Estrosi qui dans un tweet fait une nouvelle fois la preuve de toute son érudition de moto-culteur en amalgamant la position de Jean-Marie, anti gaulliste rabique, et celle de sa fille qui réhabilite au contraire le point de vue du Général. Faut-il rappeler au président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, champion du contre-sens, que l’amalgame est un péché, et que l’essentialisation conduit au pire ?
     
     
    Sortir de la zone euro ? Jacques Sapir présente devant les caméras de TV-Libertés son dernier ouvrage « L’euro contre la France, l’euro contre l’Europe » (Éditions du Cerf). 
    Partant du principe que l’euro est à l’origine de la crise que traverse l’Union européenne, Sapir propose la thèse suivante : les dirigeants européens auraient consciemment bâti l’euro de manière bancale en conjecturant que les crises qui allaient en découler conduiraient les peuples, dans la panique, à consentir à ce à quoi ils s’étaient jusqu’à présent toujours refusés. Aller plus loin dans la construction d’une Europe fédérale. Ce qui fut un échec.
     
    Réagissant au sentiment de panique que le parti des médias subventionnés et de nombreux prescripteurs politiques s’efforcent de répandre dans l’opinion à propos d’une éventuelle sortie de l’euro, Jacques Sapir accumule les arguments rassurants en répondant aux multiples questions que les citoyens peuvent se poser. Exposé clair et très pédagogique. 
     
     
    Dans sa chronique de RTL du 6 avril Éric Zemmour tance les petits trotskistes qui sont les idiots utiles du grand capital. Une analyse qui n’est pas sans rappeler celle, récente,  de Charles Robin lui même ancien militant du NPA dans son livre « Itinéraire d’un gauchiste repenti » paru aux Éditions Krisis. 
     
    Quelques jours plus tard Zemmour traitant du bombardement de la base syrienne d’Al-Chaayrate par l’armée américaine remarque que Trump a dynamité son propre programme électoral. En se reniant ainsi quelques mois après son élection, il a agi comme aurait pu agir son adversaire Hillary Clinton et comme l’y pousse le lobby néo-conservateur solidement installé à tous les niveaux de décision. Selon Zemmour le président américain, pourfendeur des médias s’est aligné sur eux en se soumettant « au diktat émotionnel et compassionnel de ces photos d’enfants morts qu’on arbore à chaque fois qu’on veut manipuler l’opinion ». L’esprit imprévisible et compulsif d’un chef d’État qui tweet pus vite que son ombre a fait le reste. On notera que son geste quoique éminemment symbolique a miraculeusement réconcilié l'horrible populiste avec tout l’establishment occidentaliste et conforté ses errances stratégiques.
     
     
    D’après Bruno Guigue « depuis que son équipe a été amputée de ses conseillers les plus atypiques (Michael Flynn et Steve Bannon), le président républicain… est en roue libre ». Passant à l’action sur tous les fronts dans les relations internationales Syrie, Corée du Nord, Afghanistan), le « Docteur Folamour » de Washington a jeté le masque.
     
     
    Selon l’historien John Laughland les récentes frappes contre la Syrie ont détruit l’illusion suivant laquelle Trump rejetait la politique d’ingérence américaine. Il s’est montré, en réalité, la marionnettes de ce qu’on appelle l’État profond qui lui ne change jamais dans ses objectifs. Cette gesticulation intempestive pourrait laisser augurer que la politique du chaos qui a caractérisé l’action des présidents  Obama, Bush fils et Clinton va se poursuivre au grand dam de ses électeurs.
     
     
     
    Autre article de Robert Parry (traduit par le site « Les crises ») traitant du même sujet.
     
     
    Richard H. Black, ancien procureur pour le Pentagone et sénateur américain de l’État de Virginie revient sur les accusations d’utilisation d’armes chimiques par le gouvernement syrien et précise que c’est une ultime tentative de donner une raison aux pays de l’OTAN d’intervenir dans la guerre aux côtés des terroristes. Quel serait en effet l’intérêt de Damas d’agir ainsi puisque son armée nationale est partout victorieuse, que ses ennemis sont en déroute sur tous les fronts et qu’il savait fort bien que ce type d’agissement provoquerait la réprobation unanime au moment où toutes les chancelleries s’accordent sur le fait qu’il est désormais impossible d’envisager la paix sans le concours d’Assad.
     
    Les girouettes droits-de-l’hommismtes accusaient Trump d’être un agent du Kremlin et une marionnette téléguidée par Poutine, mais depuis qu’il a lancé ses Tomahawk vengeurs sur une base syrienne ce n’est plus que concert de louanges de Benoît Hamon à Ségolène Royal en passant par l’insignifiant sectionnaire Philippe Poutou qui attendrit tant laboboïtude. Hadrien Desuin tient le registre des palinodies de ces tristes pantins dopés à la moraline qui tous se félicitent que l’Amérique soit à nouveau le gendarme du monde.
     
     
    Une autre Girouette. Sean Spicer porte-parole de la Maison blanche qui lors d’un point presse a déclaré « Même quelqu’un d’aussi méprisable qu’Hitler n’a pas utilisé d’armes chimiques ». Croyant renchérir sur l’ignominie Assad, il n’a réussi qu’à provoquer un tollé en semblant nier la Shoah et à froisser les organisation juive des États unis détentrices de sa précieuse mémoire. Elles crient désormais au scandale et exigent son départ. Depuis cet acte manqué le pauvre gaffeur se confond en excuses sinueuses. Comme quoi Assad ne peut être comparé à Hitler à n’importe quel prix.
     
     
    L’avis sur la question du bombardement du général Dominique Delawarde ancien chef « Situation-renseignement-guerre électronique » à l’État major interarmées de planification opérationnelle. Est-il utile de préciser que cet éminent « spécialiste » ne partage pas les certitudes imposées par le parti autorisé des médias qui suit docilement et même avec une ferveur empressée les consignes de l’OTAN ?
     
     

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  • Sur la question de l'identité...

    Dans ce nouveau numéro de l'émission de TV Libertés, « Les idées à l’endroit », Alain de Benoist reçoit Thibault Isabel, essayiste et rédacteur en chef de la revue Krisis, Philippe Forget, auteur d’un essai intitulé L’obsession identitaire (Berg international, 2017) et Laurent Dandrieu, rédacteur en chef des pages culture de Valeurs Actuelles, qui vient de publier Eglise et immigration - le grand malaise (Presses de la Renaissance, 2017). Ils évoquent ensemble la question de l'identité.

     

                                     

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  • La démondialisation, avenir des nations ?...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la notion de post-vérité... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist vient de publier Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) et Ce que penser veut dire (Rocher, 2017).

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    Alain de Benoist : La démondialisation, avenir des nations ?

    Depuis quelques années, certains auteurs n’hésitent pas à parler de « démondialisation ». Est-ce une observation objective ou un simple vœu pieux ?

    Depuis le début des années 2010, suite à la publication du célèbre ouvrage du Philippin Walden Bello (Deglobalization, 2002), nombre d’auteurs (Jacques Sapir, Emmanuel Todd, Frédéric Lordon, Edgar Morin, etc.) ont en effet commencé à parler de démondialisation. Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Pierre Chevènement, Arnaud Montebourg et Jean-Luc Mélenchon se sont également emparés de ce thème. Le débat a même encore rebondi récemment : Donald Trump s’est fait élire en dénonçant les effets de la mondialisation et le Brexit l’a emporté grâce au vote des régions dévastées par la désindustrialisation. C’est cependant moins un constat qu’un mot d’ordre. L’idée générale est qu’il est possible d’en finir avec la mondialisation ou, du moins, qu’il est possible de lui donner un autre contenu, idée à laquelle, d’après les sondages, 65 % des Français sont aujourd’hui favorables.

    La mondialisation telle que nous la connaissons a été rendue possible, à la fin du siècle dernier, par l’effondrement du système soviétique. Elle s’est rapidement traduite par les délocalisations, la désindustrialisation, la précarisation et le chômage, puis par un endettement qui a débouché, aux États-Unis, sur le cataclysme des « subprimes » et le déclenchement d’une crise financière mondiale dont nous ne sommes toujours pas sortis, mais qui en a clairement démontré les limites.

    La mondialisation représente avant toute chose le déploiement planétaire de la logique du capital, qui espère contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit par le désarmement douanier, l’expansion indéfinie des échanges, la marchandisation générale de l’existence (par la transformation en marchandises de ce qui n’avait pas été produit pour être vendu) et la transformation de la planète en un immense marché. Le moteur de cette démarche, faisant de la démesure une ligne de conduite, réside dans une idéologie libre-échangiste fondée sur le mythe de l’autosuffisance des « marchés efficients », qui plaide pour la disparition des frontières empêchant la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux (ce qui explique la similarité, sur ce point du discours, du MEDEF et de celui de l’ultra-gauche adepte de la rédemption par l’étranger, qui veut, elle aussi, abolir les frontières et unifier le monde par universalisme politique et philosophique).

    Il est donc assez naturel que les préconisations visant à démondialiser se proposent d’agir d’abord sur le plan économique et financier : réorientation des économies de la priorité à la production pour l’exportation vers la production destinée aux marchés locaux, remise à l’honneur des « circuits courts », interdiction des délocalisations qui mettent en concurrence les salariés autochtones avec ceux des pays où la main-d’œuvre est moins chère et les normes de production moins contraignantes, relocalisation par rapprochement des lieux de production et des lieux de consommation, protectionnisme et réglementation des échanges, relèvement des taxes douanières à destination des pays à bas salaires, taxation des transactions financières et des bénéfices des multinationales, contrôle des capitaux et assèchement progressif de la sphère spéculative, réinstauration d’une frontière entre banques d’affaires et banques de dépôts, lutte contre les fraudes sur les prix de transfert, abandon du dollar comme monnaie de réserve mondiale, etc.

    Il s’agit, en d’autres termes, d’enrayer la tendance à l’illimitation d’un système qui a besoin de supprimer tous les obstacles (politiques, culturels et sociaux) qui entravent l’expansion et la reproduction concentrée du capital.

    Et, pour cela, de faire en sorte que le politique affirme à nouveau sa tutelle sur l’économique.

    Après le monde bipolaire et le monde unipolaire, nous sommes apparemment entrés dans un monde multipolaire. Cela veut-il dire que, au moins sur le plan géopolitique, nous sommes déjà sortis de la mondialisation ?

    La mondialisation a commencé par un moment unipolaire, qui est celui où les États-Unis ont pensé jeter les bases d’un « nouveau siècle américain », au moment même où Francis Fukuyama se risquait à annoncer « la fin de l’histoire ». Ce moment n’a pas duré. La montée en puissance de la Chine et de la Russie, celle qui s’annonce dans d’autres pays émergents, montrent que nous sommes clairement passés d’un universum à un pluriversum, c’est-à-dire à un monde multipolaire. L’ironie de l’histoire est qu’alors que la fin de l’URSS avait rendu possible la mondialisation, c’est plutôt le retour en force de la Russie qui en marque le ralentissement ! C’est, évidemment, une bonne nouvelle – ou, plutôt, c’en serait une si l’Europe était elle-même une puissance, alors qu’elle n’est aujourd’hui qu’une addition de faiblesses.

    Dans cette perspective, y a-t-il encore un avenir pour les vieilles nations ou faut-il aspirer à la création de nouveaux blocs européens, américains, africains, orientaux ou asiatiques ?

    Il est d’autant plus difficile de s’opposer à la mondialisation qu’on le fait à partir d’un socle plus restreint. Des pays isolés, par exemple, peuvent difficilement s’opposer à eux seuls à la toute-puissance des marchés financiers. C’est aussi la raison pour laquelle, compte tenu des risques de rétorsion (ou de « guerre commerciale »), un protectionnisme à l’échelle continentale européenne serait plus efficace qu’un simple protectionnisme national – qui vaut néanmoins mieux que pas de protectionnisme du tout.

    L’idéal serait d’aboutir à de « grands espaces » autocentrés, relativement homogènes, qui constitueraient autant de pôles politiques, économiques et civilisationnels par rapport à la mondialisation actuelle. Le réalisme oblige à dire qu’on en est encore assez loin. C’est sans doute le chemin qu’on finira par emprunter, mais cela prendra du temps.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 23 mars 017)

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  • « Post-vérité » : en suspendant le jugement, l’émotion permet la manipulation…

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la notion de post-vérité... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist vient de publier Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) et Ce que penser veut dire (Rocher, 2017).

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    « Post-vérité » - en suspendant le jugement, l’émotion permet la manipulation…

    Un nouveau concept politico-linguistique fait actuellement beaucoup parler de lui : la « post-vérité ». Il y aurait donc une « anté-vérité » ? Qu’est-ce que tout cela veut dire ?

    La « post-vérité » (post-truth) a, en effet, été choisie en 2016 comme « mot de l’année » par le Dictionnaire d’Oxford. Le terme est apparu aux États-Unis dans le sillage de la « French Theory » au début des années 1990, lorsque des auteurs comme Michel Foucault ou Jacques Derrida ont commencé à discréditer la notion de vérité comme un « grand récit » auquel on ne pouvait plus croire. Dans la foulée, un certain nombre de journalistes ont cru possible de s’affranchir de leur devoir de neutralité face aux événements. Le mot a, ensuite, été popularisé en 2004 avec le livre de Ralph Keyes, The Post-Truth Era.

    La « post-vérité » n’est pas le mensonge mais l’indifférence à la distinction entre mensonge et vérité. L’ère « post-vérité » (ou « post-factuelle ») désigne une période dans laquelle les faits objectifs comptent moins que l’émotion pour modeler l’opinion publique. Dans cette optique, le rôle des victimes devient essentiel. L’image partout diffusée du petit Aylan, noyé sur les rives de la Méditerranée, qu’on a immédiatement utilisée comme un argument en faveur de l’accueil des migrants, en est un exemple typique. En suspendant le jugement, l’émotion permet la manipulation.

    On sait bien qu’il est difficile de hiérarchiser les informations quand on est bombardé de nouvelles, de commentaires et d’images qui se succèdent à une vitesse folle. C’est le problème de l’« infobésité ». Cela n’a rien de nouveau, mais le phénomène s’est, de toute évidence, accéléré à l’époque postmoderne. La transformation de la vie politique en spectacle, c’est-à-dire en concours d’apparences, la déferlante des images, les pratiques commerciales frauduleuses, la publicité mensongère, l’avènement de la blogosphère et des réseaux sociaux, le règne de la télé-réalité et de l’« infotainement » (mêlant information et divertissement), le rôle joué par des « spindoctors » spécialistes dans l’art de raconter des histoires (« storytelling »), le recours aux algorithmes et aux « bulles de filtrage », voire la montée du narcissisme (tout individu peut devenir source d’information ou de désinformation), ont fortement contribué à effacer la frontière entre vérité et non-vérité, donnant naissance à ce que certains ont appelé la « démocratie des crédules ». L’avènement du numérique décourage, à lui seul, le sens critique et le raisonnement logique, en même temps qu’il provoque un manque chronique d’attention. Hannah Arendt distinguait les vérités de fait et les vérités de raison. La « post-vérité » révèle la vulnérabilité des premières.

    On parle aussi beaucoup des « fake news ». Mais ces « fausses vérités » ne sont-elles pas aussi l’ordinaire du monde de l’information, officielle ou non ?

    C’est l’autre volet de la question.

    Le journalisme professionnel a longtemps été censé recueillir la vérité publique, mais ce n’est plus le cas. Toutes les enquêtes d’opinion révèlent une défiance croissante vis-à-vis des grands médias : presse papier, radios, télévisions. Les gens réalisent que ce qu’on leur dit ne correspond pas à ce qu’ils voient. Depuis que les propriétaires des journaux ne sont plus des journalistes mais des milliardaires, ils sont devenus conscients des connivences incestueuses qui lient les médias aux élites financières et politiques, toutes issues du même milieu sociologique, toutes également discréditées. Mais au lieu de s’interroger sur les causes de cette défiance dont ils font l’objet, les grands médias préfèrent dénoncer les sources d’information alternatives comme fondées sur la rumeur et le mensonge. Après avoir exercé une cléricature riche en anathèmes, en mises à l’index et en excommunications, ils se posent en gardiens des faits et prétendent dire ce qu’il faut croire. La création de mystifications du genre « Decodex » ou « FactCheck » n’a pas d’autre origine. C’est dans ce contexte qu’ils s’en prennent à la « post-vérité ».

    Ce n’est pas un hasard si l’on n’a jamais tant manié la notion de « fake news » (« informations contrefaites ») que depuis le Brexit et l’élection de Donald Trump. Le peuple adhérerait spontanément à la « post-vérité », parce qu’il se composerait essentiellement de ploucs incultes et mal éduqués. À travers la dénonciation de la « post-vérité », c’est à une mise en accusation du populisme, dont les leaders orienteraient systématiquement le peuple vers ses bas instincts en faisant un usage stratégique des rumeurs et en usant d’« éléments de langage » n’ayant plus aucun rapport avec les faits, que l’on assiste. Or, les médias qui sont sur la défensive face aux « fake news » ont toujours été les premiers à en publier (on se souvient du « charnier » de Timișoara, des couveuses du Koweït, des « armes de destruction massive » de Saddam Hussein, etc.). Il y a longtemps que la grande presse s’est mise au service de l’idéologie dominante, devenant du même coup la principale fabrique du consentement (Noam Chomsky).

    Un retour à l’objectivité est-il possible ?

    L’objectivité absolue est impossible car personne ne parle à partir de nulle part, mais on peut au moins tendre à l’honnêteté. La notion de vérité fait, depuis des siècles, l’objet d’un vaste débat philosophique. On la définit souvent, à tort à mon avis, comme synonyme de la conformité aux faits : il y aurait d’un côté les faits, de l’autre les jugements de valeur. C’est oublier que notre cerveau ne perçoit jamais des faits bruts, mais des faits associés à des interprétations qui, seules, peuvent leur donner un sens. Nos structures cognitives ne nous portent pas à rechercher des faits mais à rechercher du sens, et donc à faire un tri spontané entre les informations en fonction de ce que nous pensons déjà, et plus généralement des exigences de notre écosystème mental. C’est la raison pour laquelle la « post-vérité » a encore de beaux jours devant elle.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 22 mars 2017)

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (27)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    À découvrir sur le site de l’Iliade, Institut pour la longue mémoire européenne, les différentes interventions qui ont scandé son colloque du 18 mars sur le thème  « transmettre ou disparaitre » ainsi qu'une superbe déclamation de « La mort du loup » (Alfred de Vigny). À remarquer la martiale conclusion de Jean-Yves Le Gallou qui laisse présager que l’objet de la lutte entreprise ne sera pas un dîner de gala (première référence). Compte-rendu du colloque sur Breizh info (seconde référence).
     
     
    Chroniques d’Alain de Benoist sur Boulevard Voltaire. L’une sur le sujet de la « post vérité »et les « fake news » (première référence), l’autre à propos de la doxa contemporaine qui voudrait qu’il y ait trop de fonctionnaires (deuxième référence).
     
     
     
    Deux bonnes recensions du moment populiste, le dernier livre d’Alain de Benoist. Par Jean-Paul Brighelli tout d’abord. Présenté comme un ouvrage « intensément érudit qui explore toutes les facettes d’un mot qui pue un peu aux narines des crétins ». Brighelli fait une genèse rapide de la réalité du populisme en France et analyse son passage, via Georges Marchais, d’une configuration « d’extrême droite » dans laquelle il s’inscrivait autrefois jusqu’à aujourd’hui où il a glissé de son terroir d’origine jusqu’à devenir « l’oeil du cyclone à partir duquel se définissent les politiques ». Il poursuit son analyse énonçant que « de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en 
    passant par Nicolas Dupont-Aignan et tout ce qui reste du chevènementisme, ce sont moins les politiques qui parlent au peuple que le peuple qui parle aux politiques ». Il rappelle les conclusions de Christophe Guilluy montrant que droite et gauche méprisent la France périphérique (et la France tout court) s’attirant les représailles électorales d’un peuple qui se sent légitimement abandonné (première référence). La seconde recension, parfaitement construite est signée du pseudonyme de Nicopol. Elle est parue sur le site d’Agora-vox. Alors que le mandat moral que s’assignent les médias nous somme de considérer les populismes comme autant de vulgaires flatteries des « bas instincts du peuple », le tout balafré d’autoritarisme « fascistoïde », il nous rappelle que le populisme est un authentique courant de l’histoire contemporaine et en précise l’origine, l’esprit et les manifestations actuelles (seconde référence). 
     
     
     
    L’OJIM publie un article consacré au dossier de la revue Éléments sur « Le parti des médias en accusation ». L’OJIM insiste tout particulièrement sur la collaboration de Slobodan Despot démontrant qu’avec l’arrivée des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) dans l’élaboration du nouvel index, les géants de la Toile vont produire de l’information ou la contrôler réduisant ainsi au chômage les journalistes du Monde qui se sont, avec une légèreté burlesque, eux-mêmes soumis au piège…
     
     
    Le site Polémia dénonce dans un article de Benjamin Dormann la tartuferie d’Emmanuel Macron concernant sa « success-story-telling ». Elle répand le brouillard sur cette réalité abrupte qu’il est le candidat choisi de longue date par les principaux réseaux de décideurs français et internationaux (Bilderberg, Young Leader, membre de la commission Attali). Des appartenances qui ne font jamais l’objet d’interrogations ni de questions de la part d’une presse enamourée qui préfère concentrer les tirs des « journalistes d’investigation » sur les minuscules « affaires » du candidat Fillon. Benjamin Dormann est l’auteur de l’indispensable « Ils ont acheté la presse » (Éditions Picollec) et a participé au dossier de la dernière livraison d’Éléments sur « La chute de l’empire médiatique ».
     
    Bataille de chiffonniers à grands jets d’eau de Vichy entre les amis du milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière (Revue de deux mondes) et ceux du Monde (Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre Bergé) autour du « Pénélopegate » Chronique drolatique proposée par l’OJIM.
     
     
    Pour Xavier Théry (sur « Causeur ») les sondages enregistrent quatre phénomènes d’ampleur qui posent d’ores et déjà le résultat des prochaines élections comme « révolutionnaire ». À quoi tient cette révolution ? Essentiellement au fait que les deux partis de l’alternance unique, le PS et Les Républicains ne franchissent pas la barrière du premier tour devancés qu’ils sont par Marine Le Pen et Emmanuel Macron qu’il a le tort de présenter comme un « candidat sorti de nulle part ». Plus intéressant, il identifie ces quatre bouleversements électoraux à « la manifestation d’un fossé de plus en plus profond qui sépare les électeurs des élus, les habitants des métropoles des habitants de la France périphérique, les exclus de la mondialisation des inclus de la société libérales ». Le jeu de massacre ne fait peut-être que commencer, conclue-t-il.
     
     
    Les bourdes qu’amasse Emmanuel Macron comme autant de lacunes (la Guyane est une île, Villeurbanne banlieue de Lille, il n’y a pas de culture française, des femmes députés en 1905 etc) exhibent sa nature de candidat hors-sol. Fringant certes, mais ayant oublié tout ce qui peut rattacher un président de la République à la terre de France. 
    Pour Arnaud Benedetti sa stratégie de communication est en train de se fissurer, « trop de com' finissant par tuer la com’ » et le vide du jeune impétrant achevant de se découvrir, l’indulgence dont il bénéficiait jusqu’alors pourrait bientôt lui faire défaut.
     
     
     
    L’Express de Drahi lâche-t-il Macron ? Éditorial de Christophe Barbier. Alors que la baudruche Macron ne vit que par la perfusion incessante du parti des média, si ceux-ci commencent à le larguer, n’est ce pas la preuve que malgré leurs efforts incessants, il est beaucoup plus bas dans les sondages que ce que l’on voudrait nous le faire accroire ?
     
     
    Xavier Moreau livre ses commentaires sur ce que pourrait être la relation entre une France dirigée par François Fillon et la Russie de Vladimir Poutine. Il évoque, dans ce cas précis le « nettoyage » qu’il conviendrait d’opérer aux ministère de la défense et des affaire étrangères.
     
     
    Le député François Cornut-Gentille tire la sonnette d’alarme en présentant, le 28 mars, un rapport au vitriol consacré au transport stratégique de l’armée française qui met notre pays dans une situation de dépendance vis à vis des affréteurs russes. En effet la réussite de nos opérations extérieurs dépend pour l’essentiel des Antonov An-124 aux capacités d’emport cinq fois supérieures à celle de l’Airbus A400M. Conclusion du député « Dans les faits, ce sont les Russes et les Ukrainiens qui ont la maîtrise de la projection de nos forces… C’est une véritable épée de Damoclès suspendue au dessus d'une France assujettie au bon vouloir de Vladimir Poutine ».
     
     
    À l’heure où les médias occidentaux s’émeuvent de l’arrestation d’Alexeï Navalny et de sa condamnation à deux semaines de détention par les autorités russes le site d’Égalité & Réconciliation remet en ligne bien à propos cette vidéo de Xavier Moreau enregistrée en février 2015. Il y retrace le portrait passablement étonnant du militant anti-corruption célébré en Europe comme un martyr de l’autoritarisme poutinien et il ressort de ces informations que l’icône désignée par l’Occident pour une possible révolution de couleur n’est pas si blanche qu’attendue.
     
     
    Jean-Claude Empereur dans un article de la « Revue politique et Parlementaire », reproduit ici par Breizh info. « Atlantisme et eurasisme, encerclement et contre encerclement de la terre du milieu au XXI siècle ». Une grande leçon de géopolitique dont nos « élites » seraient bien avisées de s'inspirer.
     
     
    David Simonnet, ancien élève de l’ESSEC et enseignant à Paris I est Pdg d’un groupe industriel. Il vient de lancer « Géopolitique &Entreprise », lettre de réflexion associée à la revue « Conflits ». Il est ici interrogé par Bruno Racouchot. Au terme de l’entretien, parlant des frontières, il évoque le fait que celles-ci n’ont pas disparu « mais qu’elles avaient été occultées par une représentation de la mondialisation conçue comme une dynamique effaçant les logiques de puissance associées à la géographie. Nous sommes dans un cycle de redécouverte des frontières ».
     
     
    Article du Figaro sur Le camp des saints. Si l’on en croit cette enquête l’Alt Right américaine et son principal animateur, Steve Bannon, devenu un conseiller influent de Donald Trump aurait été véritablement « marabouté » par l’ouvrage de  Jean Raspail.
     
     
    Steve Bannon, celui que la presse mainstream décrit comme le Dark Vador de la Maison-Blanche est ici passé aux rayons X par l’universitaire américain Jeremy Stubbs pour « Causeur ».
     
     
     
    Le Saker Francophone publie un article d’Alastair Crooke, ancien haut diplomate britannique qui a servi dans le renseignement  et au plus haut niveau de l’Union européenne. Celui-ci insiste tout particulièrement sur la notion du temps cyclique de Steve Bannon et sur les rapports qu’il en tire à propos de la crise sociale et financière que nous traversons.
     
     
    Éric Zemmour s’en prend au Trissotin et au Diafoirus de la géographie, Michel Lussault, également grand manitou de la désastreuse réforme des collèges voulu par Najat Vallaud-Belkacem.
     
     
    Le 28 mars le même Éric Zemmour chronique le déplacement de Marine à Moscou où elle a été reçue comme un chef d’État par Vladimir Poutine, montrant ainsi qu’elle n’est pas isolée sur la scène internationale. d’après Zemmour elle aurait été « adoubée » par le chef de l’État russe comme d’autres viennent se faire cornaquer à Berlin pour recevoir l’aman de la chancelière Angela Merkel (Fillon et Macron). Il poursuit « Le combat idéologique de notre siècle est entre la démocratie libérale et la démocratie illibérale chère au Hongrois Victor Orban. Dans la première l’individu est roi. Dans le seconde, le peuple est roi ».
     
    Jean-Yves Le Gallou déplore à juste titre que les médias ne diffusent que l’opinion autorisée à propos de l’islam. Il regrette ainsi que son apologie systématique ne puisse être balancée par des avis contraires, la disputatio des intelligences, comme l’exigerait l’esprit de confrontation des opinions encouragé par les Lumières dont se réclament curieusement les mêmes médias. 
     
     
     
    Dans leur émission hebdomadaire I-Média Jean-Yves Le Gallou et Hervé Grandchamp instruisent le procès du service public de l’information et dénoncent notamment le 
    coté partial de David Pujadas, le grand ordonnateur des émission politiques sur France 2, qui ne traite pas tous les candidats aux présidentielles de façon identique. Ils abordent ensuite la starisation de Macron dans la presse et dans les sondages et parlent enfin du fameux « cabinet noir » en relation avec l'Élysée évoqué par François Fillon. En fin de séquence Le Gallou tresse des louanges à la dernière livraison d’Éléments.
     
     
     
    Dans son émission hebdomadaire consacrée à l’histoire Philippe Conrad présente un numéro entièrement centré sur l’historiographie de la guerre d’Espagne. Occasion d’inviter 
    Arnaud Imatz qui s’attache à montrer les enjeux de cette guerre civile dont on ne connait en France que la version partiale et totalement fantasmé de l’extrême gauche relayée par les médias de grand chemin.
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